La réduction des émissions de CO2 des déplacements est un casse-tête pour la plupart des travel managers. La fixation d’un budget carbone est une solution.
Pour Scott Gillespie, le gourou du voyage d’affaires, le choix est limité. Comme il l’explique dans un post sur Linkedin, « si une entreprise est vraiment déterminée à réduire rapidement l’impact CO2 de ses déplacements, elle doit voyager moins ». Car, à court terme, les compensations et les carburants alternatifs (SAF) ne seront d’aucun secours.
Reste à savoir comment voyager moins, de façon rationnelle, explicite et acceptable pour tous. « Que cela vous plaise ou non, dit le fondateur de tClara, la réponse implique de rendre les voyages d’affaires plus chers ». Comment ? Soit en appliquant une taxe carbone, la méthode choisie par exemple par Microsoft, soit en affectant un budget carbone. Scott Gillespie écarte l’idée de la taxe qui ne sera efficace que si elle est très élevée, représentant dès lors un coût important pour l’entreprise.
Il lui préfère le budget carbone, à condition que ce dernier soit « invisible ». Pourquoi ? Car le principal écueil des budgets carbone tient dans son administration, très chronophage et donc très chère. «Quelqu’un doit allouer le budget carbone à chaque voyageur et suivre son utilisation après chaque voyage. Qui décide et contrôle tout ça ? » Sa proposition ? Automatiser le processus. Voici comment en 6 étapes :
Étape 1 : Estimez le CO2 lié aux déplacements de votre entreprise pour l’année de référence, par exemple 2019. Exemple : 1 million kg de CO2.
Étape 2 : Fixez un objectif de réduction des émissions de CO2, par exemple 25%, soit dans notre exemple 0,75 million kg de CO2.
Étape 3 : Définissez le budget voyages aérien correspondant. La méthode la plus simple selon Scott Gillespie est de conserver le même budget que pour l’année de référence. Pour faciliter notre exemple : 1 million d’euros.
Étape 4 : Calculez le ratio d’intensité carbone qui va vous indiquer la quantité de CO2 acceptable pour chaque euro dépensé en voyage. Pour ce faire, il faut diviser l’objectif de réduction de CO2 par le budget voyages correspondant. Dans notre exemple, on divise 0,75 million kg de CO2 par 1 million d’euros. Soit une intensité carbone de 0,75 kg par euro dépensé.
Étape 5 : affichez les ratios d’intensité carbone et les conseils dans votre OBT. Dans notre exemple, on vous propose un billet en éco, qui consomme 1000 kg de CO2, pour un coût de 1000 euros. On divise le premier par le deuxième, on obtient 1, soit une intensité carbone supérieure au seuil qu’on a défini de 0,75 kg par euro dépensé : le voyage n’est pas autorisé. On vous propose pour le même trajet un autre billet en premium économie, qui consomme 1200 kg de CO2 et qui coûte 1600 euros. On divise le premier par le deuxième, on obtient 0,75, soit une intensité carbone égale au seuil défini : le voyage est autorisé.
Étape 6 : Évaluez la décarbonation de vos dépenses voyages et les progrès réalisés pour atteindre vos objectifs.
Scott Gillespie voit deux avantages à cette méthode :
- Plus le billet coûte cher, plus le ratio d’intensité carbone est faible. Or des prix plus élevés aident les entreprises à atteindre ou à dépasser leurs objectifs de réduction de CO2. Pour lui, c’est une évidence, les entreprises devront payer plus pour polluer moins.
- Cette hausse des prix des billets va contribuer de facto à éliminer les voyages à faible valeur ajoutée.
Reste évidemment à l’OBT à se mettre à la page techniquement, cela ne paraît pas insurmontable. Mais surtout demeure une question : les entreprises cesseront-elles vraiment de voyager si elles épuisent leur budget carbone ? La méthode a en tous cas le mérite de la simplicité et d’être compréhensible par les voyageurs, donc d’être plus facilement acceptée. Une piste à creuser.
François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM