En faisant grève pour les vacances de Noël, les syndicats de la SNCF font une publicité inespérée pour le concurrent Trenitalia.
« A nous de vous faire préférer Trenitalia » semblent dire les syndicats de la SNCF qui ont déposé un préavis de grève pour le premier week-end des vacances de Noël sur l’axe sud-est notamment. Une grève qui tombe en effet au moment même où l’opérateur italien inaugure samedi 18 décembre sa ligne Paris-Lyon-Milan en passant par Chambéry et Modane ! Inutile aussi de préciser que le Paris-Lyon est la ligne à grande vitesse la plus fréquentée et la plus rentable, avec 55 millions de voyageurs en 2019 dont 30% de lucratifs voyageurs d’affaires.
Le journal La Tribune rapporte les propos du Pdg de la SNCF, qu’il a tenu au Club de l’économie du Monde mardi 14 décembre. Ne comprenant pas ce mouvement de grève, il a lancé : « Pour moi, l’année 2022 sera l’année de la qualité de service au client ferroviaire. » C’est mal parti.
Et ce n’est pas la meilleure façon de séduire les entreprises, l’argument écologique risquant de se fragiliser devant le manque de fiabilité récurrent de la SNCF lié aux mouvement sociaux. A ce compte-là, l’avion a encore de beaux jours devant lui, d’autant que Les Echos nous apprennent hier que la règle française qui interdit l’avion sur les liaisons intérieures desservies par le train en moins de 2h30 est remise en cause par Bruxelles !
Le quotidien économique explique : « (…) Pour être légale, une telle mesure doit être compatible avec les principes de proportionnalité et d’efficacité. Or les quatre lignes aériennes françaises concernées par cette interdiction – Bordeaux/Orly, Lyon/Orly, Nantes/Orly et Marseille/Lyon -, ne représentent que 55.000 tonnes de CO2 par an, soit 0,23 % des émissions du transport aérien en France, 0,04 % de celles du secteur des transports et 0,02 % des émissions totales de la France. Pas de quoi régler le problème du changement climatique. D’autant qu’Air France compense l’intégralité des émissions de CO2 de ses vols intérieurs. »
Ce mouvement social tombe au plus mauvais moment pour la SNCF qui a perdu 3 milliards d’euros en 2020 après 800 millions en 2019 à cause des grèves liées à la réforme des retraites. Heureusement, la compagnie ferroviaire a reçu 4,7 milliards d’euros de l’Etat dans le cadre du plan de relance. Un ancien magistrat de la Cour des Comptes avait calculé que la SNCF coûtait chaque année à chacun des 16,6 millions de foyers fiscaux imposables la bagatelle de 900 euros. Cela ne va pas s’arranger.
François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM