Les effets de la pandémie touchent tous les secteurs d’activité et particulièrement celui qui est lié aux déplacements professionnels, a fortiori aux mobilités d’affaires et à double titre. D’une part parce que l’écosystème subit de façon brutale, comme le secteur du loisir, les évolutions des règles sanitaires et les fermetures des frontières de chaque pays, d’autre part, parce que les approbateurs des déplacements ne sont pas les voyageurs eux-mêmes. Ce sont en effet les entreprises qui ont l’obligation d’assurer la sécurité sanitaire et la sûreté de leurs voyageurs, ce qui ajoute de la complexité à la situation.
Nous avons déjà eu envie de croire 3 fois en une reprise rapide et forte. Au moment du premier déconfinement, en mai 2020, d’abord, puis à la rentrée 2020 et une nouvelle fois lors de la réouverture des terrasses et de certaines frontières en juin de cette année. La rentrée nous a en partie donné raison d’y croire vraiment, notamment à travers les événements, dont l’incontournable IFTM, qui ont relancé une vraie dynamique entre les acteurs. Les compteurs des réservations ont décollé à nouveau, en même temps que les avions, les bureaux se sont réanimés, le nombre de vaccinés a augmenté régulièrement… bref les signaux étaient au vert. Mais force est de constater aujourd’hui que la crise du Covid n’est toujours pas derrière nous et l’arrivée d’Omicron douche à nouveau les espoirs de reprise franche et replonge tout le monde dans le doute, l’usure et parfois même, la colère.
Faut-il une nouvelle fois attendre et espérer une reprise en continuant de penser qu’elle arrivera nécessairement et qu’elle sera forte… ou faut-il finalement intégrer que certes, “ça a repris” mais que la nouvelle règle est désormais d’apprendre à manager l’incertitude ?
Jusqu’au début de cette crise, on évaluait les entreprises performantes en s’appuyant sur des indicateurs liés à l’évolution du chiffre d’affaires, aux levées de fonds, à l’accroissement du nombre de salariés, aux nouveaux marchés ou encore aux nouveaux services. D’autres indicateurs ont vu le jour durant ces mois compliqués et ils ont montré notamment que les entreprises qui se sont particulièrement distinguées ont à leur tête de très bons gestionnaires de crise, capables de réduire les coûts significativement tout en assurant la sécurité des voyageurs. Le but étant également de préserver leur modèle d’entreprise afin de garder le plus de trésorerie possible pour pouvoir “tenir” durant la tempête. Parfois, souvent même, pour survivre, on fait le choix de stopper les investissements, les innovations, les recrutements, en gros on attend que l’orage passe ou on fait le dos rond. Cette stratégie peut-elle réellement durer ? Certainement pas !
C’est bien là l’inconfortable situation des acteurs de notre secteur. Alors que tout reste encore à faire, à reconstruire ou à inventer… Il faut réussir à trouver le juste équilibre entre prudence, pas en avant et gestion optimale. Autrement dit, faire de cette incertitude un nouveau “standard” et développer de nouveaux réflexes managériaux.
Inventer des nouvelles règles de déplacements dans des entreprises de plus en plus co-pilotées par le risk management et adapter les organisations des services achats et du travel management. Comprendre et intégrer les nouvelles façons de travailler des collaborateurs en mobilité et développer toujours plus de services en stimulant et en soutenant l’innovation. Poursuivre la mutation digitale du secteur, tout en prenant à bras le corps la transition environnementale, sociale et sociétale pour répondre aux enjeux RSE. Autant de défis à relever en tenant et en résistant face aux difficultés liées à la conjoncture.
Savoir manager et innover, même et surtout dans l’incertitude, voilà ce qui attend notre secteur et ceux qui s’en sortiront seront sans nul doute ceux qui auront dépassé le stade de la peur pour oser. Nous sommes dans un écosystème agile et innovant qui a su se relever encore plus fort des nombreuses crises passées. J’accorde beaucoup de confiance aux dirigeants de notre secteur. Ils sauront dépasser “l’état du dos rond”, changer de paradigme et devenir des managers de l’incertitude inspirants et je suis impatiente de voir les résultats de ce qu’ils sont en train d’impulser.
Marie Allantaz – Experte travel management et formation