Selon certains spécialistes, les carburants de synthèse seraient une meilleure solution mais les obstacles sont nombreux.
Le sujet de la décarbonation du transport aérien est vaste et compliqué. Le syndicat des tour-opérateurs (SETO) avait choisi d’en faire son thème d’ouverture lors de sa convention annuelle début avril que votre serviteur a eu le plaisir d’animer. Pour en débattre, deux invités de marque : Gérard Feldzer, ancien pilote de ligne, et Jean-François Rial, patron fondateur du tour-opérateur Voyageurs du Monde, tous deux très engagés sur la transition écologique.
Pour un avion plus vert, les pistes sont connues. L’avion électrique sur batterie ? « Un mirage, selon Gérard Feldzer, car il faudrait 3000 tonnes de batterie pour faire décoller un A350. Trop lourd ». L’avion à hydrogène ? « Seulement sur des vols court et moyen-courriers mais impossible sur le long-courrier en raison du volume nécessaire à son stockage ». La compensation ? « C’est indispensable mais cela ne résout pas la réduction des émissions de CO2 » pour Jean-François Rial.
Autant d’impossibilités ou de limites techniques qui expliquent que les compagnies aériennes font des carburants aériens durables (SAF) leur principale planche de salut pour décarboner leur activité. Ces SAF se divisent en deux catégories : les biocarburants, issus de déchets agricoles, alimentaires, forestiers… et les carburants de synthèse, produits à partir de carbone prélevé dans l’atmosphère.
Pour les premiers, là aussi les limites se font jour : « une solution idiote, selon Jean-François Rial, car ils ne pourront être produits qu’en quantité limitée ». Il faudrait en effet des quantités énormes de terres arables pour satisfaire les besoins des compagnies aériennes mais aussi d’autres secteurs d’activité comme le transport routier qui réclamera sa part. Le tout au détriment des cultures alimentaires.
Restent les carburants de synthèse qui ont un avantage indéniable : avec eux, pas de problème de disponibilité de la matière première, elle est dans l’atmosphère. Sauf que leur fabrication est particulièrement énergivore, et encore faut-il être capable de produire cette quantité nécessaire d’hydrogène vert ou d’électricité décarbonée. Donc à un prix élevé. Pour le patron de Voyageurs du Monde, « il reste deux options : ne plus voyager ou avoir des quotas. Je suis favorable à une troisième voie : un aérien plus cher car il utilise du carburant de synthèse ». Le billet d’avion pas cher, une époque révolue ?
François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM