Travel managers, ne négligez pas les voyages internes !
Les déplacements internes sont menacés par la préférence faite aux voyages dits essentiels, or ils peuvent contribuer à la compétitivité des entreprises.
C’est à un véritable plaidoyer en faveur des voyages internes que viennent de se livrer, par tribunes interposées, deux acteurs du business travel. Le premier, Scott Gillespie, est une figure bien connue de l’industrie, réputé pour ses prises de position souvent iconoclastes. Le deuxième se nomme Manuel Brachet, un frenchie devenu vice-président du commercial au niveau mondial chez Egencia.
Dans The Company Dime (Lire ici), Scott Gillespie n’y va pas par quatre chemins pour décrire la situation actuelle, qu’il qualifie de « folie des interdictions générales de réunions internes ». Il va même jusqu’à accuser de « mentalité paresseuse » les entreprises qui, sous prétexte d’opter désormais pour les voyages dits essentiels, font une distinction « simpliste » entre les déplacements externes (visites de clients, de fournisseurs…) et internes (réunions d’équipes liées à la stratégie, la formation, la motivation…), laissant supposer que les premiers ont une « valeur attendue plus élevée ».
En d’autres termes, selon Manuel Brachet dans BTN Europe (Lire ici), « de nombreuses entreprises pourraient envisager de limiter les interactions en face-à-face aux réunions liées à des revenus tangibles ou des économies de coûts ». Un choix risqué car les réunions internes ont un impact positif sur « la culture d’entreprise, la collaboration, le transfert des connaissances ».
Et Scott Gillespie de préciser et d’énumérer ces avantages : « vendre des idées intéressantes à nos managers, convaincre nos dirigeants de prendre des décisions clés, collaborer avec nos collègues sur des projets importants, établir avec eux de la confiance, améliorer et amplifier nos compétences, notre créativité, notre faculté d’innovation… ».
Alors que faire ? Scott Gillespie préconise « d’utiliser un scalpel plutôt qu’un marteau de forgeron pour éliminer les voyages injustifiés ». Selon lui, il convient « d’éliminer tous les voyages à faible valeur, qu’ils soient internes ou externes, et se concentrer sur la valeur attendue du voyage et non sur la présence ou non d’un client ».
Pour appuyer sa démonstration, Manuel Brachet cite une interview récente de Reed Hastings, le co-fondateur de Netflix, parue dans Wall Street Journal, au cours de laquelle celui-ci affirmait ne « voir aucun point positif à ne pas pouvoir se réunir physiquement, en particulier au niveau international ». Le VP d’Egencia évoque aussi Jamie Dimon, le patron de JP Morgan, qui accusait récemment « le télétravail d’être responsable d’une baisse de productivité ». Et Manuel Brachet de conclure : « le facteur le plus important pour fixer la barre est l’équilibre des voix autour de la table du conseil d’administration. Alors que le directeur financier fera inévitablement pression en faveur de toute économie opérationnelle qui n’aura pas d’impact immédiat sur le chiffre d’affaires, les RH et le travel manager devraient s’inspirer des propos de Hastings et Dimon et s’assurer que la définition du voyage essentiel ne devienne pas trop étroite ». A méditer !
François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM