Carburants durables : les entreprises accélèrent
Les grandes sociétés, dont les salariés voyagent, comptent jouer un rôle actif dans le développement des carburants d’aviation durables. Les initiatives se multiplient.
Les noms sont ronflants mais ils ne sont pas là pour faire de la figuration. Les directeurs des achats de Boeing, Boston Consulting Group, Deloitte, JPMorgan, Microsoft, Netflix et Salesforce ont créé le 20 avril la Sustainable Aviation Buyers Alliance (SABA) comme le rapporte le site The Company Dime (Lire ici).
Son objectif : aider l’industrie aéronautique à atteindre la neutralité carbone en développant la production de carburants d’aviation durables (Sustainable Aviation Fuels, SAF). Sa priorité : établir un système de certificats SAF sur la base de critères environnementaux solides. Un système qui permettra de vérifier et suivre les réductions d’émissions ainsi obtenues grâce à l’utilisation de ces SAF. « Les entreprises et leurs voyageurs d’affaires pourront ainsi poursuivre plus facilement leurs objectifs climatiques ambitieux » affirme la SABA.
Rappelons que les SAF promettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’aviation de 80% par rapport au carburant fossile. Fabriqués à partir d’huiles végétales, de cuisson, de graisses animales…, ils peuvent être mélangés à 50% avec le kérosène fossile et ne nécessitent pas de changer les moteurs. Mais ils coûtent quatre fois plus chers que le carburant fossile. Résultat : ils pèsent 0,1% des 360 milliards de litres de carburant utilisés par l’aviation en 2019.
Pas le choix : pour réduire le prix, il faut que la demande augmente et que la production s’accélère. La seule bonne volonté de l’industrie aéronautique ne suffit pas, il faut que les entreprises clientes s’impliquent dans le développement des SAF. Les partenariats entre compagnies aériennes et entreprises se multiplient : United, Delta, KLM et d’autres ont annoncé récemment la création de leurs programmes SAF dans lesquels sont engagés de nombreuses sociétés. Daniel Tallos, travel manager de Nike pour la région EMEA, expliquait récemment à Business Travel News la nécessité de « conduire le changement par le biais de partenariats avec d’autres entreprises. L’action collective est un élément clé ».
La création de la SABA est une avancée supplémentaire. Elle espère avancer suffisamment sur le sujet de la certification afin de l’ouvrir à une large adhésion pour la COP26 de novembre prochain. Une fois les certificats SAF créés, il faudra pouvoir les stocker dans un registre. Pour ce faire, la SABA a prévenu qu’elle s’appuiera sur la technologie blockchain. Tout devrait être prêt pour la fin 2022. Les certificats donneront ainsi aux entreprises un instrument normalisé pour investir dans les SAF et suivre les réductions d’émissions qui en résultent… sans avoir à acheter et à garantir la livraison de ces carburants à une compagnie spécifique. C’est en somme la naissance du marché du crédit SAF. Et on n’a pas fini d’en parler.
François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM